jeudi 18 juin 2009

Entretien avec raoul Vaneigem (Journal la Décroissance)

article du journal La Décroissance, Page 5, N°60, Juin 2009

l'An 01 et Raoul Vaneigem

Raoul Vaneigem est né en Belgique en 1934. Adhérent de l'Internationale situationniste, ami de Guy Debord, il quitte l'organisation en 1970. Il refuse d'ordianaire toute intervention dans les médias et toute interview. Après notre dossier sur l'An 01, Il a fait une exception pour La Décroissance.

(La Décroissance) En 1967, vous publiez le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations. En 1968, parraissait la bédé de Gébé L'An 01 ; comment avez-vous jugé cette initiative à l'époque ?

(raoul Vaneigem) Il fut un temps où les anarchistes estimaient qu'ils n'avaient pas besion de se connaitre pour se reconnaitre. Le propos du traité diffère assurément de la facon dont gébé imagine la naissance d'une ère nouvelle. J'ai toujours jugé inséparables le combat pour une société humaine et la lutte contre l'oppression du vieux monde.

Si les situationnistes furent les seuls à préssentir, à annoncer et à préparer le Mouvement des occupations de Mai 68, c'est qu'ils fondaient sur l'analyse du capitalisme, alors dans sa phase consumériste, l'idée que la colonisation de la vie quotidienne allait provoquer une réaction du vivant contre son exploitation économique. S'il était permis de reprocher à l'An 01 d'escamoter l'histoire comme en un tour de passe-passe d'où surgirait soudain une volonté de décréter : " On efface tout et on recommence ", il faut reconnaitre que Gébé illustrait aussi, à sa façon, cette aspiration à une socité humaine qui a constitué la part la plus radicale du Mai 1968. Or cette radicalité n'a rien perdu de sa pertinence. C'est d'elle que va renaître - dans le naufrage où s'engloutit un capitalisme qui n'a plus à gérer que sa faillite - la conscience qu'une société affranchie du vieux comportement prédateur s'organisera selon le mode de l'autogestion généralisée

Avez-vous l'ompression qu'au niveau de la critique de la société de consommation, nous avons régressé par rapport a la radicalité des propos tenus à l'époque ? Dans ce sens, avons-nous perdu quarante ans ?

En quarante ans, l'esseulement, l'angoisse, la résignation et le mal de survie n'ont cessé d'augmenter tandis que le niveau de conscience s'abaissait. Le statut de consommateur avait prorogé l'aliénation du producteur en propageant l'illusion que la possession de biens parllie l'abscence de vie, que l'avoir peut se substituer à l'être cette bulle d'illusions, déjà mise à mal en 1968, crève désormais avec l'effondrement d'un capitalisme financier qui se détruit en détruisant le monde.

S'il arrive que la conscience humaine régresse, nous savons aussi qu'elle se ravive tôt ou tard. Le danger est aujourd'hui que la peste émotionnelle, dée du désespoir, suscite une violence aveugle au lieu de créer les conditions d'une véritable solidarité humaine. Le moment est venu de redécouvrir et de mener plus avant l'expérience de microsociétés autogérées telles qu'elles étaient apparues dans la Commune de Paris, dans les conseils ouvriers et paysans de 1917 en Russie, avant leur écrassement par Lénine et Trotski, et dans les collectivités d'Andalousie, de Catalogne et d'Aragon, en 1936, avant leur destruction par le Parti communiste. Il faut désormais que les entreprises d'utilité publique, jouées et perdues en Bourse, soient occupées et gérées par les travailleurs, seul capables de les faire fonctionner au profit non plus d'un marché en déroute mais de collectivités locales, fédérées internationalement.

Ne peut-on dire que Sarkozy serait l'anti-An 01 ?

Ce serait lui faire beaucoup d'honneur. il est seulement un exemple parmi beaucoup d'autres de ce clientélisme politique qui , de l'extrême gauche a l'extrême droite, sert de caution au besion morbide d'exercer une autorité, d'exorciser ses carences en subornant les autres par la force et par la ruse. Quelle que soit sa coloration, le pouvoir est une déjection excrémentielle; ceux qui s'en rirrissent n'ont pas plus d'xistence et de nom spécifiques que les mouches qui y pullulent. Au lieu de se définir en fonction d'aussi méprisables ennmis, il est temps de passer outre aux décrets d'une démocratie parlementaire corrompue et d'instaurer partout des formes de démocraties directes fondées sur le progrès des moeurs. Ce que Thoreau appelait la désobéissance civile n'est rien d'autre que le droit de l'être humain supplantant les décrets d'une économie propageant partout sa barbarie.

Clin d'oeil au médiéviste que vous êtes : l'idée de décroissance est-elle une hérésie contemporaine ?

Il n'y a pas d'hérésie sans orthodoxie. Le dogme prête son sens aux déviances et les définit par rapport à lui. Le danger de la théorie de la décroissance, c'est qu'elle implique une relation préivilégiée avec l'économie alors que l'instauration d'un société véritablement humaine postule la fin de l'économie comme forme d'organisation dominante ; je veux dire la fin d'une économie fondée sur l'exploitation de la nature et de l'homme, et le dépassement d'une économie axée sur un nouveau contrat avec la nature, source d'énergies gratuites et inépuisables.

Le communisme, affirmait Lénine, était " les soviets plus l'électrification " . Au vu des résultats catastrophiques auxquels une telle conception a mené , au moins avons-nous appris à dépister l'imposture. L'occasion nous est donnée d'éviter de retomber dans la même erreur.
Comment ? en solidarisant l'autogestion et le contrôle des énergies alternatives. En agissant en sorte que le capitalisme aux abois ne puisse s'emparer des forces de production renouvelables pour restaurer un dynamisme sacrifié à l'agiotage, pour nous faire payer très cher une gratuité énergétique inséparable de la gratuité de la vie de la vie a bâtir.

Propos recueillis par Sophie Divry.

Voir aussi Le site de Casseur De Pub

Regardez L'an 01 - le film



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